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Rêvé le 10 mai 2000 - Loni avait 19 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

Il s'approche. Il l'entend respirer. Ca faisait longtemps, presque deux ans. Il ouvre sa porte. Doucement, sans la réveiller. Elle est si jolie quand elle dort. Elle a l'air calme, innocente, comme s'il ne s'était rien passé.

Il regarde autour de lui. Près d'elle, son vieux chien en peluche. Il s'en souvient; ses deux yeux ont été arrachés, les trous le regardent comme s'il lui en voulait. Il s'assied sur le lit, repousse le chien d'un revers de la main.

Elle dort toujours. Son souffle est régulier. Elle ne se rend compte de rien. Il s'allonge à côté d'elle. Il attend quelques minutes, essaye de calmer le rythme de son coeur. Il tourne la tête vers la petite fille. Elle est vraiment belle, attirante. Il lève sa main, ferme les yeux. Il tremble. Il pose sa main sur la peau douce. Elle bouge, mais ne se réveille pas. Elle dort nue. Elle se sent en sécurité. Doucement, il la met sur le dos. Sa respiration a changé. Elle s'est réveillée, mais n'est pas encore assez consciente pour comprendre ce qui lui arrive.

Doucement, il s'approche, la regarde. Puis il s'introduit brusquement en elle. Elle veut crier, mais il a plaqué sa main sur sa bouche. Ses yeux sont grand ouverts, ces grands yeux vides de toute expression dont elle ne peut plus se servir depuis sa dernière visite.

Dix ans se sont écoulés. La petite aveugle s'est enfermée dans sa chambre. Encore une fois, elle est nue. Elle ne peut supporter aucun contact, hormis celui de son chien en peluche. Sa mémoire s'est bloquée. Elle ne se rappelle de rien de son enfance. La lumière rentre dans sa chambre et vient chauffer sa peau douce et fraîche de jeune adolescente. Ses longs cheveux roux retombent en deux nattes sur ses seins. Ils sont attachés par deux noeuds de soie violette.

Elle serre son chien contre elle. Elle le serre fort, comme jamais elle n'a serré personne dans sa vie.

Sa respiration est plus rapide, haletante. Il sait que son coeur est malade, qu'il ne va pas tarder à le lâcher. Il ferme les yeux, essaye de se calmer. Il a encore l'escalier à monter. Il sait qu'elle est seule, sans défense. Cela faisait si longtemps qu'il attendait ce moment. Ces longues années passées en prison n'ont fait qu'augmenter son désir. Il sait qu'elle doit être devenue encore plus belle. Il ne peut plus attendre, grimpe l'escalier en courant.

Elle a peur. Elle a entendu des bruits de pas. Rapides au début, ils se sont espacés au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de la porte de sa chambre. Elle est fermée à clé, mais ne résistera pas longtemps.

Les pas se sont arrêtés. Juste en face de sa porte. La poignée tourne, une fois, puis deux. Sa respiration s'est accélérée. Elle ne voit rien, mais tous ses autres sens sont en alerte. Elle entend la clenche tourner lentement, puis la porte s'ouvrir. En même temps, une odeur l'assaille. Une odeur remplie de douleur et de souvenirs.

Cet homme. Cet homme, en face d'elle, est son bourreau.

Elle crie.

Il la frappe. Elle se tait. Ses yeux vides, remplis de larmes, semblent le fixer. Elle serre son chien contre elle. Ce chien, avec son regard vide, martyrisé, lui rappelle ses longues années de souffrance, séparé de son seul but dans la vie : la fille. Il essaye de lui prendre la peluche de force, mais elle s'y accroche. C'est la seule chose au monde qui lui reste. Il la frappe une nouvelle fois, se fait mordre. Il la repousse sauvagement contre le mur.

Elle voudrait crier, mais aucun son ne parvient à ses cordes vocales. Inconsciemment, elle hurle. Elle hurle un mot qu'elle n'avait pas prononcé, ni entendu depuis son enfance.

« Papa ! »

Il s'arrête. La regarde.

Sa fille brandit le chien vers lui comme pour le maudire. Son coeur bat de plus en plus fort.

Très fort.

Trop fort.

 

J'ai fait ce cauchemar lorsque j'étais à l'internat. Jamais un rêve ne m'avait paru aussi réel, aussi horrible. Je n'ai pas pu arrêter d'y penser de toute la journée, et je me suis senti obligé de l'écrire exactement tel que je l'avais vu et ressenti. Je ne me sens pas l'âme d'un écrivain, mais les mots me venaient sans que j'aie à y réfléchir; je me sentais soulagé au fur et à mesure que j'écrivais.

Les adieux à MontaScoutisme militaire

Commentaires

  • styloplume, le 6 septembre 2009 à 21h31

    c'est vraiment un cauchemar horrible, ça doit être terrible de rêver de ça :( encore plus de le vivre...

  • Loni, le 7 septembre 2009 à 9h37

    Oui, je suis "content" de n'avoir eu qu'à le rêver.

  • Syan_so, le 8 décembre 2010 à 14h02

    En effet celui là est vraiment horrible...

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