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Rêvé le 11 juin 2012 - Nothishade avait 25 ans Ajouter ce rêve à vos favoris
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Je suis un ranger solitaire, un traqueur. Je m'affranchis bien volontiers des anciennes règles et codes sociaux. J'ai la sensation que le déchirement de l'ancien monde a débloqué quelque chose en moi, à moins que ce ne soit ma personnalité impitoyable, taillée pour la survie dans un tel monde. Je me sens au delà de l'humanité, aussi libre, cruel et individualiste qu'un faucon planant dans les cieux indifférents au sort de l'Homme, à la recherche d'une proie malchanceuse, ne me préoccupant que très rarement de la misère et des soucis des autres, et pensant à ma propre survie avant tout.

J'arpente ces ruines comme si elles avaient été mon terrain de chasse depuis toujours. J'en connais instinctivement les moindres cachettes, sans même avoir eu à les explorer auparavant. Je sais où me camoufler en cas de danger humain. Où disparaître si ce sont des bêtes sauvages ou des mutants qui me pourchassent. Où avoir la meilleure vue pour éliminer telle cible, ou abattre telle proie. Où dormir en toute sécurité.

A la fois proie et prédateur solitaire, je suis avant tout un survivant. Dans ces terres de désolation, être seul et sans attache est la sensation la plus enivrante que j'ai jamais connue.

Mais tout solitaire que je suis, il m'arrive pourtant de me mêler des affaires des hommes. Cette fois là, je me rends à un village, un taudis malpropre et insalubre où de pauvres hères essayent de développer à nouveau une société bâtie sur l'entraide. Pour une raison ou une autre, j'ai décidé de les aider, sûrement dans l'espoir d'obtenir une compensation en retour, que ce soit sous la forme d'armes, de munitions ou de femmes. Étant donné que ce village me semble très mal équipé niveau protection, il y a fort à parier que ce soit plutôt pour une compensation charnelle que j'aie décidé de les aider.

Ils m'ont chargé de ramener des outils, que je dois aller chercher dans le centre ville désolé d'une cité proche. Toutefois... malgré ma décision j'ai la sensation que ce village ne durera pas, tant il est mal positionné : à découvert, dans une cuvette à moitié inondée par les boues suintant des égouts de l'ancienne cité. Les gens ont quitté les ruines de la cité et ont décidé de s'installer ici car ils comptent faire pousser des plantes. Illusoire. Leurs barricades sont essentiellement constituées de tôles et de débris assemblés les uns aux autres, mais elles sont fragiles et mal finies. Je vois mal ces protections de fortune protéger ces gens de la férocité des bêtes qui rôdent en ces lieux. Mais après tout, je ne perds rien à les aider, je verrai bien comment ils s'en sortent. Par contre, hors de question que je reste ici moi-même.

(ellipse)

Alors que je suis sur le chemin du retour, j'aperçois au loin de sinistres présages : d'énormes bêtes volantes tournoient autour de l'emplacement du village. Je me cache derrière un énorme bloc de béton, autrefois un trottoir s'étant soulevé à près de deux mètres de haut. Je sors une lunette pour observer la scène plus en détails.

Il ne reste presque rien du village. Les toits de leurs habitations temporaires ont été arrachés par les bêtes volantes, des sortes d'immenses créatures volantes à mi-chemin entre la chauve-souris et le ptérodactyle. Les survivants courent dans tous les sens et les bêtes plongent depuis le ciel et les emportent les uns après les autres. Ils les déchiquettent dans leurs serres ou les laissent tomber d'une grande hauteur avant de les rattraper en pleine chute et de les déchiqueter dans leur gueule allongée garnie de crocs. Tant pis, pas de récompense charnelle pour ce soir.

Tapi dans l'ombre du trottoir détruit, je m'assure de mon abri contre les bêtes volantes, puis je m'assoupis, en repensant à mes premières aventures dans ce monde désolé, à ce qui a fait de moi un survivant...

(ellipse)

Les souvenirs enfouis remontent en moi, peu à peu. Je me souviens comment quelqu'un que j'aimais jadis m'a protégé contre l'appétit vorace d'un monstre mutant, au prix de sa propre vie. Nous fuyions un de ces villages de fortune, un de ces lieux qui nous paraissait suffisamment sûrs pour nous protéger des menaces extérieures. Nous avions habité le hall d'une tour commerciale en ruines. Les gens avaient fortifié cet endroit, et si bien organisés les lieux que nous ne craignions ni les bêtes mutantes, et ne connaissions ni la faim, ni la soif. Et ce n'était pas les bêtes qui avaient eu raison de nos défenses, non, ni la faim, ni la soif. C'était quelque chose de bien plus dangereux.

A quelques lieues de notre village de quelques dizaines d'habitants vivant à l'écart du besoin, l'appétit vorace d'une autre communauté avait grandi. Ils s'étaient établis dans les ruines d'une tour hôtelière de luxe, dont ils avaient reconstruit, avec un talent remarquable, il est vrai, les premiers étages. Ils n'étaient au départ qu'une petite dizaine de bâtisseurs, et ils avaient beaucoup travaillé pour transformer l'hôtel en forteresse imprenable, mais des gens venaient sans cesse les rejoindre, fascinés qu'ils étaient par les promesses de lendemains meilleurs martelés jour et nuit par les leaders-bâtisseurs de cette communauté agressive. Assez vite, elle s'était métamorphosée en véritable micro-nation totalitaire et militariste, et elle commença à vouloir s'étendre, en lorgnant sur les richesses et les recoins stratégiques où s'étaient construites les autre communautés de survivants.

Nous savions qu'ils s'adonnaient à de multiples machinations pour tenter les membres des autres villages de rejoindre leur micro-nation, mais jamais nous ne nous serions attendus à ce qu'ils nous attaquent directement. Leur raid fut d'une violence inouïe. Ils tuèrent tous ceux qui s'opposaient à eux, capturèrent les autres, en réduisant en esclavage ceux qui pouvaient leur fournir une force de travail, et exécutant ou abandonnant les autres aux bêtes carnassières qui hantaient la campagne et les rues éloignées du centre-ville.

Avec quelqu'un que je considérais comme mon grand-frère, nous avions pu fuir au milieu du raid. Durant notre fuite éperdue, mon « grand-frère » me criait sans cesse de courir plus vite. Il cria tant, qu'au détour d'une rue, un grand bipède carnassier nous repéra et s'élança à notre poursuite. Il ressemblait vaguement à un tyrannosaure aveugle de trois ou quatre mètres de haut, à la peau grise et nue, légèrement rosâtre. Il courait sur ses pattes arrières, très musclées, et ses deux bras légèrement atrophiés et griffus essayaient de se saisir de nous. Sa tête écorchée ne comportait pas d'yeux, mais des sortes d'ouïes et des organes auditifs assez complexes.

Il finit par attraper mon frère et à le couper en deux d'un même mouvement de mâchoires. Son torse sectionné à partir de la taille me cria une dernière fois de continuer, avant de hurler de douleur alors que le monstre l'avalait d'une seule bouchée.

(ellipse)

Après cette fuite désespérée, j'errai pendant quelques mois dans les rues de la ville, en cherchant un peu partout de quoi subsister. Je passai mon enfance en haillons, à me méfier des humains que j'apercevais de loin, et à développer mon instinct de survie.

Notre village fut le premier à tomber, mais pas le dernier, il m'arriva plusieurs fois de trouver des communautés ravagées par la micro-nation qui nous avait attaquée, voire d'assister à ces attaques de loin.

Alors que mon enfance se finissait, je fus trouvé par un membre de la micro-nation, qui me pris sous son aile. Ce n'était pas de la pure bienveillance de sa part, car je fus au départ plus traité en esclave qu'en fils. La discipline était stricte, et je dus servir longtemps mon maître, cruel et décadent, tout en subissant ses punitions et ses coups. Mais tout cela n'eut pour effet que de m'endurcir.

Je me souviens même d'une scène où il me fut demandé de violer des jeunes esclaves fraîchement capturées, un rite de passage pour intégrer la vraie place de « soldat » de la micro-nation. A ma grande surprise, j'éprouvais une sorte d'excitation malsaine à faire cela. J'avais perdu toute empathie pour mes congénères, quels qu'ils furent.

Je me moquais de plus en plus de mes semblables, qu'ils soient de la micro-nation ou des esclaves, car une idée se développait en moi, et finit par m'obséder. Mettre fin à cette société perverse et décadente... en la détruisant.

Mon manque d'empathie m'empêchait de ressentir la moindre fraternité ou le moindre attachement à quiconque dans cette micro-nation, aussi je ne fis confiance à personne pour m'aider dans mon entreprise vindicative. Ils m'avaient détruit de l'intérieur, et je n'avais même plus peur de perdre ma propre vie. Ils avaient fait de moi un Survivant.

En tant que soldat, j'avais accès aux armes de la forteresse. Très tôt, un matin, je me pointai à l'armurerie. Je tuai le garde d'une balle dans la tête. Puis je me remplis les poches des armes les plus meurtrières que je trouvais. Véritablement surarmé, je regagnai mes quartiers, au premier étage de l'hôtel-forteresse, en passant par la chambre de mon ancien maître. Froidement, je criblai celui-ci de balles3. Je me rendis ensuite à ma chambre, où j'attendis patiemment les premiers signes d'agitation à l'extérieur. Dès que j'entendis les premiers pas rapides de gardes alertés, je surgis derrière eux puis... je me mis à leur parler. Je leur demandai ce qui n'allait pas, ils me répondirent qu'il y avait eu une fusillade et un vol d'armes4. Je décidai ensuite de les tuer.

Puis, je me rendis au rez-de-chaussée, où un attroupement s'était formé. Je me mis à tirer dans le tas et je tuai presque tout le monde. Les gens sortaient de leurs chambres, paniqués, mais j'avais l'air d'un soldat comme les autres, et personne ne s'attardait sur moi. J'en tuai quelques uns, qui eurent la malchance d'être isolés. Puis je finis par lancer des grenades à plusieurs endroits, ce qui eut pour effet d'achever de créer une panique sans nom. Je compris que jamais je ne pourrais détruire cette micro-nation à moi tout seul. Mais d'une certaine façon, j'avais gagné cette bataille : je leur avais causé une terreur sans nom, sans même qu'ils purent comprendre d'où ça venait. Suite à quoi, je décidai de quitter cet endroit pour toujours.

Dans les mois qui suivirent, j'appris que la micro-nation perdit sa puissante influence, car une grande partie des gens qui la composaient, doutant désormais de leur sécurité, décida de la quitter. Des luttes intestines s'ensuivirent et la communauté survécut finalement, mais elle avait perdu sa puissance. Le statut de cette micro-nation était repassé d'un rang de menace majeure à celui d'élément nuisible pour les survivants.

Le retour de mes rêves longs et clairs ! Il y a tout un tas d'éléments liés à mon quotidien récent dans ce rêve, mais je n'ai pas du tout envie de tout relever. J'ajoute juste une petite note rapide au début. Voilà.

Lucide : plongeons à répétitionSituation pénible et changement de rôle

Commentaires

  • Loni, le 20 juin 2012 à 9h12

    Salut nothishade ! Bravo pour ce rêve effectivement très détaillé !
    De mon côté, il me fait penser à la saga witcher pour les créatures sauvages, et à Jeremiah pour le côté post-apo et les communautés militaristes.

  • Nothishade, le 20 juin 2012 à 12h41

    Merci Loni !
    Je n'ai pas vu Jeremiah, apparemment ça manque à ma culture "post-apo"... la série vaut-elle le coup d’œil ?
    A quelle créature de The Witcher mes monstres te font-ils penser ? (tu as fini les deux jeux, au fait ?)

  • Loni, le 20 juin 2012 à 13h33

    Lorsque je parle de Jeremiah, je pense à la BD d'Hermann. Je ne connais pas la série qui en est issue.
    Pour ce qui est de The Witcher, aucune créature en particulier, mais "simplement" l'ambiance générale, je pense.
    Et pour répondre à ta question : je n'ai pas encore fini le premier.

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