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Rêvé le 21 septembre 2015 - el0yn avait 24 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

Il y a un voyage avec l'entreprise. Je ne sais laquelle, probablement toutes. Probablement y avait-il aussi quelques personnes du lycée, ou de l'université... Nous sommes nombreux...

Nous marchons sur des quais, qui ressemblent légèrement à ceux du Rhône de Lyon. Tiramisu me tend un petit verre rempli d'un liquide couleur crème : de l'alcool. Je me souviens très bien de son goût pour en avoir déjà goûté, mais impossible de mettre un nom dessus, ou même une description précise1.

Je le bois cul sec, sans réellement en apprécier la texture, sans sentir quelconque brûlure au niveau de mon estomac. Je suis complètement indifférente à son éventuel effet. Je continue de marcher lentement.


Les paysages sont magnifiques. De longues plaines verdoyantes s'étendent jusqu'au flanc de la montagne. Je suis déjà venue à cet endroit, plusieurs fois, dans d'autres rêves, lors d'autres aventures... Nous marchons près d'un étang étrange entouré de caillasse blanche et très sèche. Plusieurs fois nous croisons quelques bestioles qui adorent les endroits de ce type d'endroits.

Un long serpent sort de sa cachette, quelque part en dessous de gros cailloux clairs. Il rampe et ondule près de mes pieds. Une panique démesurée me saisit.

Je suis vulnérable ce jour. Je l'imagine s'enrouler lentement autour de ma cheville droite, resserrer lentement son étreinte autour de ma chair et planter ses crocs au niveau de mon talon. Je redoute la douleur, je ne veux pas avoir à vivre cet instant... J'ai peur. Je respire fort et ai des sueurs froides. Pourtant j'ai conscience que tout cela est irrationnel.

Le long serpent est un boa. Les boas n'ont pas pour habitude de mordre leur proie pour les atteindre. Mais rien n'y fait.

Tiramisu tente de me rassurer avec des paroles calmes, des phrases courtes visant à me faire réaliser que je n'ai rien à craindre. Mais je n'écoute pas. Sa voix se perd dans le brouhaha ambiant. Pourtant quelque chose en moi réagit à celle-ci.


Nous reprenons notre marche lorsque ma crainte disparaît. Je suis surchargée. Je porte mon sac à main, plein de bidules inutiles accompagnés d'ustensiles typiquement féminins. A cela s'ajoute un sac à dos de vêtements, ainsi qu'une grosse valise aux roues presque inutilisables, un sac cabas rempli de nourriture et de quelques souvenirs. Je poste également une lourde guitare sans son étui. Ne sachant pas en jouer, elle n'a aucun autre but que d'alourdir ma charge.

 

Nous arrivons aux abords d'une grande propriété. Le jardin est immense, si bien qu'on ne peut voir la demeure qui l'habite depuis son périmètre. Soit parce que la distance ne le permet pas, soit parce que la végétation soigneusement entretenue empêche quiconque de voir à travers.

Le grand groupe que nous sommes, ainsi que nos bagages, franchissent le portail et continuent lentement sur la petite route qui mène au château. Des centaines, ou des milliers d'autres personnes sont déjà au rendez-vous. Un grand spectacle doit avoir lieu ce soir.

J'aurais préféré aller au cinéma, les spectacles ont tendance à m'endormir. Mais la grande demeure a quelque chose d'hypnotisant, et je me laisse conquérir rapidement pas sa grandeur et sa beauté.

Je n'ai pas besoin de regarder la liste des invités pour savoir qui sera présents ce soir. Je le sens. Je sens sa présence pas très loin, et mon intérieur me pousse à le chercher.

Après avoir validé mon entrée, je pénètre dans la grande pièce aux innombrables fauteuils. Les gens commencent à s'installer. Je parviens à trouver une rangée de sièges vide et décide d'y prendre place.
Atteindre le milieu de celle-ci n'est pas chose aisée avec mes bagages, mais à force de persévérance, je finis par pouvoir m'assoir. On ne me rejoint pas tout de suite, et je reste un long moment seule.

Je réfléchis. Je pense à lui, à la personne à qui je me suis refusée de penser pendant de longs mois, qui auraient pu devenir des années. Je sais qu'il est quelque part, probablement en bonne compagnie, je sais que le voir me bouleverserait. Mais je souhaite tout de même que ça arrive, je n'ai plus rien à perdre désormais.

Un peu avant que le spectacle ne commence, Cy me rejoint, ainsi que son amie.

Je ne vois rien du spectacle. Mon personnage y assiste en grande partie, mais je ne le vois pas. Après une heure de représentation, je me lève. Je n'y tiens plus, il me faut le trouver. Je sais pertinemment qu'il n'est pas venu pour assister à la prestation, il est venu parce qu'il avait l'opportunité de venir sans payer.

Alors je sors de la grande salle, et cherche dans d'autres, là où les gens s'agglutinent pour parler ensembles, partager leur journée, partager ce qu'on leur a partagé sur les réseaux sociaux, ou bien ce qu'ils ont lu quelque part. Rares sont ceux qui partagent quelque chose qu'ils ont vécu après tout...

A force de scruter les masses de personnes, je finis par repérer un jeune homme qui correspond à sa description. Cheveux assez longs pour un garçon, d'un noir d'encre, taille moyenne, veste de costard et jean taillé droit. Il le porte trop serré, comme tous ces hommes qui ne veulent pas prendre conscience qu'ils ont pris beaucoup de poids. Il sourit, j'aime son sourire. Il rit, et j'imagine le son que cela produit tant je l'ai entendu.

Bien que je m'approche de lui, je ne vais pas lui parler. Tout ce que je veux, c'est qu'il me voit, qu'il sache que je suis là tout comme je sais qu'il est là. C'est la beauté de ce qui reste de notre relation. Présents en silence.

Je retourne voir le spectacle. Celui-ci se termine rapidement et mes amies sont déjà parties. Je suis de nouveau seule. Je me sens rapidement triste et fatiguée. Tout m'apparaît comme étant trop difficile à surmonter et je me demande comment je vais faire pour la suite... Même si celle-ci consiste à sortir du rang de fauteuils avec tous mes lourds bagages.

La valise tourne lorsque je l'attrape par la poignée, tandis que le sac que j'avais calé sur mon épaule glisse jusqu'à mon coude. Je trébuche... Je repose tout, je recommence. D'abord on enfile le sac à dos, sur les deux épaules. Ensuite on y ajoute le sac à main, même si celui-ci ne tient pas très bien. Il faut ajouter le sac de la guitare sur la seconde épaule, et c'est bien elle qui pose le plus de problèmes d'équilibre. Enfin je peux passer mon bras dans les toutes petites anses du sac cabas. Celles-ci coupent rapidement la circulation de mon sang, et je sais que je vais devoir faire de nombreuses pauses pour ne pas trop souffrir. Puis j'attrape de nouveau la poignée de la valise, essaye de la traîner dans le petit couloir entre les sièges. Ce tout petit espace dans lequel on ne peut étirer nos jambes complètement... Mais tout retombe à nouveau.

Il y a des voix partout, des rires. Les lumières se sont rallumées depuis longtemps. Je n'aime pas avoir honte, et ma maladresse devrait me conduire à ce sentiment. Pourtant, je sais que personne ne pose les yeux sur moi, et que personne ne les poserait même si je venais à me blesser ou à tomber sans pouvoir me relever. C'est la solitude.

Je suis à bout de nerfs. Je ne veux pas avoir à pester contre la gravité qui n'y est pour rien... Alors je contiens ma colère mêlée d'épuisement, et elle s'échappe sous forme de larmes.
Je souhaite tomber.

J'entends la voix de Tiramisu qui m'appelle. Il se demande ce que je fais, et souris de loin en me voyant dans la galère. Ce n'est pas un sourire moqueur. C'est un sourire plein d'empathie. Il sourit parce qu'il sait que je suis maladroite, et sait que je ne résoudrai pas mon problème seule à cause de mes émotions.

"Alors Eloyn ?" hèle-t-il d'un ton léger.

Je ne le regarde même pas. Je sais qu'il pense que j'en fais un peu trop malgré moi, et qu'au fond, mon problème n'a rien de grave. Mais ce n'est jamais ce qu'une personne a envie ou besoin d'entendre. Je n'entends que mon épuisement.

Il me parle doucement, pendant quelques minutes alors que je tire sur la valise sans réfléchir. Il m'explique qu'il faut que je me calme, et que la solution est plus simple qu'il n'y paraît.

Je réponds sèchement, les fois où je fais l'effort de lui répondre. Je réponds sèchement pour ne pas laisser la vague de larmes me submerger. Je sais ce que j'attends de lui, mais je ne peux pas lui demander. Un refus me ferait trop de mal, et il n'est pas là pour m'aider.

Après avoir longuement parlé, m'avoir exposé son point de vue plusieurs fois, de manière différente à chaque fois, après avoir tenté de me calmer de ses mots, il me dit, avec une douceur et une tendresse qui me réchauffe bien trop vite, qu'il va prendre ma valise et la guitare. C'est là la solution qu'il entendait. Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche, tandis que le bien qu'il me fait me fait l'effet de l'alcool sur une plaie ouverte. Du bien qui fait mal.

Je me sens plus légère avec seulement trois sacs. Nous reprenons la route.

 

 

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