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Rêvé le 4 août 2014 - Bleu Parfait avait 23 ans Ajouter ce rêve à vos favoris

Nous sommes à Wissant (village en bord de mer du nord de la France), la famille paternelle – Papa, Murielle (ma belle-mère) et Alexandre (mon frère), même si celui-ci ne sera jamais présent tout au long de cette histoire - vient de déménager. Tout commence alors que je suis au téléphone avec ma belle mère. Nous ne sommes pourtant pas très loin l’une de l’autre, au bout d’une conversation portant sur l’éternel sujet de leurs comptes, de leurs difficultés, du nouveau bar que mon père et elle-même viennent de racheter dans le village, je finis par entamer le sujet de l’argent qu’ils me doivent depuis maintenant un an et qui correspond à une somme non négligeable.  A ma grande surprise, elle a l’air d’acquiescer et m’invite à me tourner vers mon père. Ce que je fais. Quelques secondes plus tard, j’entre dans le nouveau bar en question, situé à l’entrée de la station balnéaire. L’endroit est accueillant, boisé, quelques hommes avec un verre à la main remplissent différents coins du pub. Mon père est là, derrière le comptoir. Je m’avance vers lui, déterminée. Mais je ne saurai jamais si j’ai bel et bien entamé le sujet de feu avec mon père. Je décide de me rendre dans les toilettes du bar, ou dans les appartements, je ne sais plus.

 

Là, un rêve qui jusqu’à présent mettait en scène un fait anodin de ma réalité, se transforme en cauchemar onirique où je plonge un peu plus à chaque instant dans sa glue verte et sans issue.

 

Alors que j’arpente un couloir, la lumière se fait de plus en plus étrange, elle est vite remplacée par une sorte d’ultraviolets faiblards qui te font les dents éclatantes de blancheur et la peau bleu violacée. Mon esprit est à la fois tétanisé par la surprise et émerveillé par une telle improbabilité. Le chemin est en pente descendante, j’avance lentement, sur ma droite, puis sur ma gauche, se distinguent des bains, plutôt des jacuzzis où sont installées quelques personnes, elles me regardent attentivement et d’un air sournois lorsque je passe lentement devant eux. Alors que plusieurs bains de la sorte se succèdent, mon amie – qui est réellement mon amie dans la vraie vie – Tiphaine a surgi de nulle part et marche maintenant à mes côtés.  Nous partageons nos émotions et sommes comme happées par cette atmosphère vaporeuse. Nous ne nous arrêtons pas d’avancer, de nous enfoncer. C’est alors que nous débouchons sur de vastes et de très hautes alcôves, semblables à des nefs immenses qui auraient pu appartenir à d’incroyables cathédrales gothiques, sûrement une centaine de fois plus grandes que Notre Dame de Paris. L’effet est sans appel, nous sommes sans voix devant tant d’infini. Au sol, nous revoyons les mêmes bains que nous avions croisés un instant plus tôt mais cette fois-ci ils sont à la hauteur de l’espace où ils se trouvent, gigantesques. A l’intérieur, nous n’apercevons pas même l’eau, ils en sont pourtant pleins. Les bassins sont littéralement noirs de monde, il ne reste pratiquement plus un seul mètre carré pour s’y glisser.

 

Pour y voir plus clair je vous explique, l’espace s’agence de la sorte : dans ces nefs se rejoignant et se touchant par des arcades et des colonnes, il y a au sol autant si ce n’est plus de bains. Entre ces bassins, il est possible de circuler grâce à de fins sillages (les bassins prenant le plus clair de l’espace) au véritable niveau du sol. Nos pieds, à moi comme à Tiphaine, sont donc, lorsque nous arpentons ces sillages au niveau des épaules et de la tête des baigneurs. Des bars, jonchés de cocktails colorés, sont disséminés ça et là. Le niveau du sol et la surface des bains sont comme tapissés d’une légère fumée rosée et stagnante. Les lumières sont ici beaucoup moins crues que dans les premiers couloirs. L’ambiance est au rose, au bleu, au flou, à la lumière tamisée mais électrique, il était possible de se croire dans une boîte de nuit. Le tout, d’ailleurs, ressemblait à une immense fête grotesque. Il m’a semblé y entendre de la musique (quoique de la musique sourde), car tout le monde dansait, ou plutôt s’agitait dans les bains, certains avaient une bouée en forme de canard enroulée autour des hanches, d’autres un masque et un tuba. Tout le monde était en maillot de bain. Je me rappelle distinctement le visage d’un des baigneurs que j’ai croisé dans un des jacuzzis au tout début, puis encore dans un bain, son visage était tordu par une effrayante grimace, il ne cessait pas de me regarder mais ne m’a jamais approché.

 

Nous continuons notre chemin, estomaquées. Mais tout à coup, fidèle à son caractère invétéré de fêtarde, invariablement attirée par l’agitation, Tiphaine me demande prestement de la suivre et plonge en boule et sans hésitation dans un des bassins où elle avait peut être aperçu un espace libre. La connaissant bien, je ne m’inquiète pas le moins du monde pour elle et je décide de poursuivre mon chemin. Je ne la reverrai plus jamais. L’ambiance des bains alentour me laisse perplexe, tout a l’air jovialement effrayant.

 

Je gravis un escalier plat, c’est à dire sans marches, en colimaçon autour d’une colonne. Il existe également en hauteur des couloirs sans rambardes - qui, à cause de mon vertige, me donne la sensation fulgurante d’un courant glacé me parcourant le corps - reliant une colonne à une autre, ou un palier à une colonne, ou un palier à un autre palier, un véritable labyrinthe, où cependant il était possible de voir à des kilomètres à la ronde puisqu’il n’existait pratiquement pas de murs.

            Arrivée en hauteur, j’aperçois en contrebas, entre ce qu’il me semble être deux paliers ou murs de marbre (car tout est fait en marbre ici), une grande avancée solennelle décorée d’un long tapis d’une couleur sombre, contrastant ainsi avec le blanc du marbre. Au bout de cette avancée, une immense ouverture fermée par des rideaux gigantesques et lourds (il s’agit sûrement de velours) est gardée par deux terribles personnages, dont le visage est caché par un masque aztèque. Ils étaient tous deux armés d’une lance deux fois plus grande qu’eux. En face d’eux quelques personnes attendent. Alors que je regardais par cet interstice déniché au hasard, une jeune fille se penche à mes côtés, pour regarder elle aussi ce qu’il se passe un peu plus bas. Je ne l’ai jamais vu auparavant, et alors que je suis en train de relater ces faits, bien éveillée, devant mon ordinateur, son visage se fait de plus en plus incertain, d’où la nécessité de ne pas perdre de temps. Elle n’est pas très grande et est sûrement plus jeune que moi. Nous sympathisons très vite et animées par la même curiosité, nous décidons de descendre ensemble vers ce portail. Je n’ai jamais su ce qui l’amenait là, peut être le même hasard que moi.

 

            Arrivées en bas, face aux deux géants, car plus nous nous approchons d’eux, plus ils semblent grands, nous nous arrêtons au milieu du petit groupe de personnes qui attendait déjà. C’est alors qu’une femme, dont il m’est impossible de me rappeler le visage et les courbes, traverse le rideau et se poste devant nous. Elle nous jauge du regard et par un accord muet invite ses deux gardes à nous laisser entrer. A partir de ce moment, tout devient alors fantasmagorique et inimaginable.

 

            Pour les besoins de l’écriture, j’appellerais ma nouvelle amie, Julie. Nous traversons alors les rideaux. Mes souvenirs se font de plus en plus flous, il me faut me dépêcher. Va s’ensuivre, une lutte sans merci pour la survie. Un autre garçon présent dans le groupe qui attendait sera à partir de ce moment toujours proche de nous, je l’appellerais Léo. Nous débouchons sur un paysage en plein jour, en ruine, surchargé de détails et de créatures. Nous ne nous arrêterons plus jamais d’avancer très vite, de courir, de sauter, d’enjamber à travers murets et buissons. Chaque instant peut nous amener à la mort car au loin et tout autour de nous, des bruits glauques nous accompagnent. Il m’est impossible de retracer avec précision nos faits et gestes mais alors que la première étape consiste à avancer sans retour, je me souviens que nous débouchons avec mes compères sur une étendue d’eau de faible hauteur, celle-ci nous arrive aux hanches. Le temps est clair. Sur notre droite, un palais en piteux état, tout proche de nous, se dessine au fur et à mesure, il est recouvert de plantes grimpantes, d’ailleurs partout autour de nous, la végétation est luxuriante. Certaines des personnes qui étaient présentes devant le rideau, tout à l’heure, ont disparu en chemin. Nous avons peur, Léo n’est plus là pourtant mes souvenirs semblent me dire qu’il y avait d’autres personnes autour de moi et Julie, des personnes comme nous. Seule Julie semble confiante et ne pas avoir peur, elle me rassure indirectement. Surgi de nulle part, encore une fois, dans ces eaux basses et troubles, mon ami Arny – qui est également mon ami dans la vrai vie - se place à côté de nous, c’est comme s’il avait été là depuis le début, depuis l’épisode du rideau du moins. Nous nous arrêtons car descendant des escaliers provenant du château, un garçon androgyne, trop jeune pour être un homme mais non un enfant, s’approche de nous. Il nous dit qu’il a besoin d’un mannequin, que la personne qui se désigne et qui répondra à ses attentes sera sauvée. Arny s’élance sur une pierre, en hauteur, il pose, tel un modèle mitraillé par un appareil photo. Le garçon semble satisfait, quoique son visage reste neutre en permanence. Il emmène Arny que je ne reverrai plus jamais.

 

            Julie, qui semble avoir l’âme d’une guerrière d’un autre temps, n’est pas décontenancée et m’invite à la suivre, nous avançons toujours dans les eaux. Puis, nous traversons sans nous en rendre compte une sorte de portail spatial invisible qui nous fait déboucher sur un tout autre endroit. Là, écrasée par tant d’immensité, je découvre autour de moi un champs infini de créatures ressemblant à des chiens ou des loups que je n’avais encore jamais vu. Ils s’étalent sur plusieurs étages, parqués dans des sortes de gradins offrant entre eux des passages obscurs. La peur s’insinue quand d’une seule et même voix, ils grognent et hurlent après nous. Investie d’une énergie à l’origine inconnue, je fonce dans l’un de ces passages et emmène Julie avec moi, nous sommes poursuivies par les créatures. En osant me retourner, je découvre avec effroi que Léo est en train de se faire dévorer par toute une horde. Après un temps de course que je ne saurais définir. Une femme se présente à nous et nous annonce enfin que notre vie n’est plus en danger, que nous avons réussi.

 

            Mes souvenirs, à partir de là, s’arrêtent.

Commentaires

  • Loni, le 4 août 2014 à 22h27

    Que dire d'autre que : wouah ! Ta mémoire onirique est excellente ! En plus, j'apprécie beaucoup ton style d'écriture qui, malgré la longueur du texte, reste très accessible.

    Bienvenue sur l'Onironaute, Bleu Parfait, j'espère que tu te plairas parmi nous !

    Pour information, j'ai créé un système que j'appelle les "figurants", qui te permet d'attribuer un pseudo aux personnes à qui tu rêves, et permet également de préciser à chacune de leurs apparitions de qui il s'agit, ainsi que de conserver un historique de leurs apparitions dans tes rêves.

    J'ai aussi mis un système de notes de bas de page, que tu peux retrouver dans l'interface d'édition (Les crochets)

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